
CSMF – L’hôpital dérape, la médecine libérale trinque
La CSMF demande au Premier Ministre de réviser sa copie
Pour la première fois depuis 2007, le comité d’alerte a notifié au Parlement, au Gouvernement et aux caisses nationales d’assurance maladie son appréciation selon laquelle il existe un risque sérieux que les dépenses d’assurance maladie dépassent l’objectif national fixé par la loi de financement de la sécurité sociale pour 2025.
La principale cause de ce dérapage financier se trouve à l’hôpital. Depuis 2021, les établissements publics de santé enregistrent un déficit croissant. Selon l’estimation du ministère chargé de la santé, le déficit du seul budget principal pourrait être compris entre 2,8 Md€ et 3 Md€ en 2024, contre 1,9 Md€ en 2023 et 0,2 Md€ en 2020. En 2024, 66 % des établissements publics de santé seraient en déficit au niveau de leur budget principal.
S’agissant du sous-objectif des « soins de ville », en dehors des produits de santé, l’évolution à fin avril de la plupart des postes de dépenses apparaît globalement en ligne avec la prévision, à une importante exception près : les indemnités journalières
Pour ce qui concerne les médicaments, le montant de l’objectif de dépenses pour 2025 intègre une prévision de plus de 2 Md€ d’économies par rapport à l’évolution spontanée des dépenses.
Alors que le dérapage se trouve majoritairement à l’hôpital, le Gouvernement a décidé de s’en prendre, sans concertation, à la médecine libérale en gelant les avancées tarifaires prévues par la convention médicale au 1er juillet 2025. Ces avancées visaient à valoriser l’expertise médicale des spécialités cliniques, en bas de l’échelle des revenus des médecins libéraux et dont la rémunération est nettement en deçà de celles des praticiens hospitaliers.
La CSMF demande au Premier Ministre de revoir sa copie et de s’attaquer à la cause principale du dérapage des comptes sociaux. Le Gouvernement fait le choix du coup de rabot, en ciblant les médecins libéraux qui assument seuls 80% de l’offre de soins. Nous attendons du Premier Ministre du courage politique et de la justice. Poursuivre dans cette voix, c’est mettre à mal le dispositif conventionnel, c’est mépriser la signature des syndicats mais, n’en doutons pas c’est aggraver l’accès aux soins. La politique de santé se construit autour des valeurs de la responsabilité, de la pertinence, de la qualité et de la prévention.
Dr Franck DEVULDER
Président de la CSMF