Depuis dix ans, la Commission informatique de la FNMR audite annuellement les solutions informatiques en alternance RIS et PACS. Les publications issues de ces audits sont plébiscitées par les radiologues libéraux lecteurs de la revue. L’année dernière, alors que je reprenais la direction de la Commission informatique, je vous avais proposé de rompre pour la première fois l’alternance en dirigeant une étude sur les Serveurs d'Applications (SA). En 2016, encore une nouveauté … Ou presque : nous nous sommes intéressés aux systèmes RIS-PACS nativement intégrés.
Dr Jean-Christophe Delesalle
Responsable de la Commission informatique de la FNMRCet audit a été publié dans la revue « Le Médecin Radiologue de France » N° 390 - avril 2016
L'intégration entre les systèmes RIS et PACS pourrait se définir comme l’ensemble des échanges informatiques qui permettent à chaque système d'interagir et de recueillir certaines informations saisies et/ou modifiées dans un système et ainsi récupérées par l'autre.
Sur un plan informatique, sans rentrer dans des problématiques et une dialectique complexes et absconses pour nous radiologues, il existe schématiquement 3 types de protocoles d'intégration :
- l'intégration de base est celle qui permet de récupérer les identifiants patients et de générer des listes de travail (worklists) cohérentes entre RIS et PACS, le RIS restant le chef d'orchestre générant ces identifiants. Sont ainsi saisis dans le RIS les paramètres d’identité du patient arrivant dans la structure de radiologie, les informations sur les examens à réaliser ainsi que le nom du médecin et du radiologue qui le prend en charge. Ces informations sont ensuite intégralement transférées au PACS selon les normes IHE et HL7 1, toute modification dans le RIS étant répercutée au PACS et inversement.
- l'intégration textuelle permet de faire apparaître sur le PACS les comptes-rendus radiologiques saisis sur le RIS attachés à l’examen d’un patient. Ce transfert au PACS se fait automatiquement une fois le compte-rendu validé dans le RIS, soit via des messages normalisés HL7 soit via le profil IHE-RID, si les systèmes sont compatibles. Le texte brut sera donc accessible directement dans le PACS, y compris à distance, sans possibilité de corrections, sauf à pouvoir en faire une copie puis une réintégration au PACS sous forme d'un document joint, fonctionnalité que seuls certains PACS sont capables de faire. Encore faudra-t-il alors le réintégrer au RIS. Réciproquement, certains éditeurs proposent une saisie numérique du compterendu directement sur le PACS (avec ou sans reconnaissance vocale), compte-rendu qui devra alors aussi être réintégré dans le RIS.
- l'intégration contextuelle permet quant à elle d'appeler l'affichage des images d'un examen sauvegardées dans le PACS à partir d'une icône du RIS, visible dans le dossier patient qui génère un lien informatique (URL) vers le PACS. Cette fonctionnalité est exclusivement unidirectionnelle du RIS vers le PACS.
Autant vous dire tout de suite que l'intégration ne va pas de soi, seule l’intégration basique étant le minimum requis pour que les systèmes communiquent, les deux autres étant facultatives.
Si tout éditeur de RIS ou de PACS se dit apte à s'intégrer avec n'importe quel autre éditeur du marché, la réalité du terrain est tout autre : les fonctionnalités étant plus ou moins bien finalisées, dépendantes des mises à jour de l’un ou l’autre système avec des décalages temporels, chaque intégration fait l’objet d’une facturation et d’une maintenance ad hoc de la part de chaque fournisseur.
Sur un plan fonctionnel, on peut ainsi distinguer deux types d'intégration :
- Celle que j’appelle l’« intégration primaire » (ou « native »), issue d'un système cohérent dès sa conception pour que l'intégration soit complète (les trois niveaux d’intégration), optimisée et transparente pour l'utilisateur. A l'extrême, une interface graphique commune peut même présenter au radiologue une worklist indifférenciée si bien qu'il ne sait plus vraiment s'il travaille dans le RIS ou dans le PACS. C'est ce type d'équipement que nous avons retenu comme objet de notre étude. Toutefois, ces solutions n'intègrent pas nécessairement une base de données commune au RIS et au PACS. Effectivement, cette unicité de la base de données - on parle alors de système RIS-PACS « unifié » - est une tendance actuelle que ne partagent pas tous les éditeurs, essentiellement pour des raisons technologiques.
- Celle que je qualifie par opposition d’ « intégration secondaire » (ou « acquise ») utilise les protocoles d'intégration sus-décrits, avec des interfaces graphiques RIS et PACS différentes, sur la base d'une conception initiale indépendante. Par définition, leur base de données est différente. Certains éditeurs ont établis des partenariats privilégiés 2, d’autres sont le fruit de fusions de sociétés RIS et PACS qui avaient développé séparément leur propre système 3. Quelle que soit la qualité des offres que ces partenariats ou fusions génèrent, nous avons délibérément choisi de ne pas les inclure dans l’étude car ils ne répondent pas stricto sensu à son objet. Le risque, pour ces éditeurs, aurait été de les opposer face aux systèmes primitivement intégrés. Nous nous sommes donc contentés de présenter les avantages et les inconvénients de l’intégration primaire. L’année prochaine, nous reviendrons à un audit plus classique sur les PACS, en intégrant à nouveau ces éditeurs.
- La méthodologie de l’audit reprend celle des études précédentes (PACS, RIS et SA), à savoir :
- Tout d’abord, chaque constructeur reçoit une fiche de renseignements concernant la société, les produits et les services (réponses déclaratives que vous retrouverez dans la revue).
- Ensuite, le représentant de chaque constructeur présente son produit dans les locaux de la FNMR, en présence d’un jury de radiologues libéraux technophiles et d’un consultant informatique de la FNMR. Une durée d’une heure est imposée à chacun, débriefing compris.
- Enfin, la rédaction et la synthèse des rapports sont effectuées par le consultant informatique avant d’être validées par le jury.
Comme chaque année, tous les constructeurs potentiels ont été contactés individuellement. Etant donné la thématique nouvelle de cette année, j’avais effectué une première prise de contact avec les responsables concernés lors des JFR. Tous ont répondu présents in fine 4, à l’exception d’une société pourtant programmée le jour de notre audit mais dont les représentants n’ont pu se déplacer 5. Nous avons cherché comme d’habitude à vous présenter cet audit avec le plus d’objectivité et de transparence possibles, les constructeurs ayant acquis qu’il n’était pas dans notre esprit question de pénaliser tel ou tel.
Comme dénominateurs communs, je retiens les points suivants :
- La notion de sites d’installations annoncés, au sens géographique du terme, versus structures comme entité juridique pouvant regrouper plusieurs sites, et leur répartition public/privé ou mixte (GIE et GCS) est mieux clarifiée.
- Les logiciels et fonctionnalités présentés répondent de mieux en mieux à la demande radiologique.
- Notre demande auprès des éditeurs du caractère absolument obligatoire d’une présentation net « en live » sous peine de ne pas les retenir pour l’audition (la FNMR mettait à leur disposition une connexion net adaptée), a cette fois été entendue à 100%. Nous estimons en effet que ces systèmes dont les modes de diffusion et d’accès reposent sur des technologies web, doivent être accessible de n’importe où (téléradiologie intersites, astreintes etc.). Certains offrent même des offres « cloud ».
- L’orientation de l’offre vers des structures de taille variable n’est plus nécessaire grâce à l’adaptabilité induite par le mode Web.
Nous avons établi en amont une configuration de structure radiologique type, comme nous l’avions fait l’an passé pour les serveurs d’application, afin d’obtenir un équivalent de devis qui vous permettra d’apprécier les propositions tarifaires des éditeurs, hors négociation bien sûr. Le modèle retenu par le jury - toujours discutable - est celui d’une structure de neuf radiologues sur trois sites distants dont deux cabinets et un site TDM-IRM (1 + 1), une volumétrie Rx- US-Mammo par cabinet de 120 dossiers/jour, une volumétrie scanner de 11 500/an et IRM 6500/an (moyenne nationale d'activité selon l'enquête FNMR du 1er semestre 2015 présentée aux JFR 2015 et publiée dans la Revue n°385 de Novembre 2015), 5 postes RIS secrétaires par cabinet (3 accueil + 2 frappe) + 2 pour TDM-IRM, 3 postes mixtes RIS-PACS radiologue et manipulateur par cabinet + 2 pour TDM-IRM, 2 postes RIS administratifs, et une diffusion à 500 correspondants et 100 connexions simultanées.
Après la lecture de notre analyse, il vous appartiendra de vous faire votre opinion, notamment au travers de contacts directs avec les constructeurs. Nous vous conseillons néanmoins de refuser toute présentation qui ne serait pas en « live », si tant est que vous puissiez leur offrir une connexion Internet satisfaisante (voire 4G si vous disposez de cette couverture, également efficiente comme nous l’a démontré un éditeur audité).
Nous profitons aussi de ce dossier pour vous présenter un tableau récapitulatif des offres (qui fait quoi) en matière de RIS, de PACS, de SA, et archives neutres (VNA 6). Le Dr Frédéric Lefevre (Nancy) nous présentera également la transversalité dans cet univers complexe des Systèmes Informatiques en radiologie.
Enfin, je tiens tout particulièrement à remercier les membres du jury qui ont consacré du temps à cet audit, notre consultant informatique, et le personnel de la FNMR sans qui cette Revue ne pourrait exister.
Bonne lecture !
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