Voilà seize ans que la Commission informatique de la FNMR organise des audits annuels. en reprenant la direction de cette commission en 2015, j’ai quelque peu bouleversé la traditionnelle alternance entre enquêtes sur les RIS1 et les PACS2 . C’est justement en 2015 qu’une première étude sur les serveurs d’applications (SA) a été publiée.

Dr Jean-Christophe Delesalle
Responsable de la Commission informatique de la FNMR

Cet audit a été publié dans la revue « Le Médecin Radiologue Libéral » N° 457 - juillet 2022

Pour rappel, en 2016 : premier audit sur les RIS-PACS intégrés ; en 2017 : retour sur les PACS seuls ; en 2018 : première analyse de l’offre de téléradiologie commerciale sur le territoire français qui a servi de catalyseur pour la rédaction de la nouvelle charte de téléradiologie du Conseil National Professionnel de la Radiologie (G4), validée par le CNOM puis citée par la HAS ; en 2019, retour aux RIS seuls, le grand chef d’orchestre de nos outils informatiques ; en 2020-21 (décalage en raison de la crise Covid-19), compte-tenu de la place prise par la démarche qualité dans nos structures et du caractère réglementaire de la décision de l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) fixant les obligations à compter du 1er juillet 2019 d’assurance qualité pour l’utilisation en imagerie médicale des rayonnements ionisants, première étude sur les DACS.

Depuis 2015, il nous semblait important de renouveler l’étude sur les SA étant données les évolutions technologiques et applicatives potentielles, notamment l’intégration d’éventuels outils d’Intelligence Artificielle (IA) développés par les sociétés elles-mêmes ou via des partenaires tiers. Les principes d’utilisation et de fonctionnement des SA ont déjà fait l’objet d’un descriptif détaillé dans notre revue informatique de 2015 et nous ne reviendrons pas dessus car ils n’ont pas changé.

Comme chaque année, tous les acteurs potentiels distribuant en France un SA ont été contactés.

La méthodologie déjà éprouvée lors des audits précédents a été reprise, à savoir :

  • Avant la présentation, envoi d’une fiche de renseignements aux sociétés (réponses déclaratives sous leur responsabilité que vous retrouverez dans la revue) : cadre global de la société, produits et services. Cette année, à notre grande surprise, certaines sociétés ont refusé de nous livrer leur chiffre d’affaires. La FNMR juge cette opacité inacceptable car la transparence est le garant de la confiance que les investisseurs radiologues sont en droit d’attendre de leurs fournisseurs. Cela ne s’était jamais produit auparavant, y compris de la part de sociétés déjà auditées : aucune explication ne nous en a été donnée.
  • Demande d’un devis théorique sur une configuration type de structure radiologique qui nous permet d’appréhender leur politique tarifaire, hors négociation bien sûr. Le prix indiqué est censé inclure systématiquement les fonctionnalités auxquelles les sociétés ont répondu « oui » dans leur grille. Un devis a été demandé sans et avec matériel lorsque cela était possible. De même cette année, à notre grande surprise, certaines sociétés ont refusé de nous livrer ce devis. La FNMR juge aussi cette attitude inadmissible car nous estimons que la transparence tarifaire est essentielle et doit être publiée sur une base commune.
  • Présentation elle-même faite par des représentants (dirigeants, techniciens et/ou commerciaux) des sociétés, majoritairement en présentiel dans les locaux de la FNMR voire en visioconférence pour des raisons organisationnelles. Elle s’est faite face à un jury composé de radiologues membres de notre commission informatique et d’informaticiens impliqués dans nos structures. Sa durée était imposée de 45 minutes pour chacune : 5 mn de présentation de la société ; 20 mn de démonstration d’applications et 20 mn de questions réponses.

Vu la multitude des applications disponibles et le temps contraint des démonstrations, nous avons fait le choix, arbitraire et donc potentiellement critiquable, de nous limiter à trois applications « basiques » identiques pour chaque société afin de pouvoir les comparer. À savoir, le module vasculaire, le coloscanner virtuel, et le module thorax. En faire plus aurait conduit à des temps de présentation prohibitifs, comme par exemple les applications cardiaques ou neurologiques. Nous avons néanmoins laissé libres les sociétés de nous présenter d’autres applications en plus si le timing le permettait.

Chaque audition a été suivie d’une évaluation post-présentation « à chaud » sur la base d’une grille préétablie comportant différents critères pondérés selon leur importance, puis d’une évaluation finale d’ajustement (non publiée) une fois toutes les auditions passées au crible à la fin de ce « marathon ».
Parmi les critères pondérés d’évaluation figuraient le respect de la procédure et des délais impartis pour la remise des grilles et les rendez-vous de démonstration, l’ergonomie et la charte graphique, et surtout la richesse des fonctionnalités très variable d’un éditeur à l’autre. L’évaluation tarifaire sur la base du rapport qualité/ prix a été rendu d’autant plus difficile, au-delà des politiques variables d’une société à l’autre, que certaines ont refusé de nous transmettre leur devis (cf. supra).

  • Rédaction et synthèse des rapports par notre consultant informatique de la FNMR (Stéphane Thiroux) et moi-même, en précisant les points positifs et négatifs de chacun, puis corrections et validation par les membres du jury et envoi aux sociétés avant mise sous presse.

Comme dénominateur commun, je retiens les points suivants :

  • La différenciation entre nombre de sites d’installation au sens géographique du terme, versus de structures comme entité juridique pouvant regrouper plusieurs sites, a été majoritairement respectée afin d’éviter la fâcheuse tendance qu’avaient certaines sociétés à en faire l’amalgame afin de se valoriser.
  • Contrairement à notre demande répétée annuellement lors de l’invitation des sociétés du caractère absolument obligatoire d’une présentation « live » en mode web (la FNMR mettait à leur disposition une connexion net adaptée), seuls deux éditeurs ont respecté ce prérequis, les autres ayant fait une démonstration en serveur local. Or le principe d’un SA qui fonctionne en mode serveur/client, est justement de permettre un accès distant via internet.
  • Les fonctionnalités ont un champ de couverture très large, mais curieusement certaines « basiques » manquent chez certains éditeurs (exemple module dentaire).

Au-delà de cette présentation qui n’est pas un « guide d’achat » mais juste un éclairage du marché, il reste bien sûr toujours indispensable de vous faire votre propre opinion auprès des sociétés au travers de contacts directs et de démonstrations des différents modules qui vous intéressent, chaque configuration devant s’adapter à un environnement géographique et organisationnel donné. D’où la nécessité de bien définir ses besoins via un cahier des charges précis en amont de l’appel d’offres, en coopération avec l’équipe qui pilotera le projet. Il faudra ensuite bien vous faire préciser le contenu de l’offre et de ses options avec les tarifications ad hoc à l’installation et en terme de maintenance (coût annuel, upgrades, rajout de modules, etc.).

Enfin, je tiens tout particulièrement à remercier aussi les membres du jury venus de divers horizons géographiques et qui ont consacré du temps à cet audit, notre consultant informatique, et le personnel de la FNMR sans qui cette Revue ne pourrait exister. Bonne lecture !


FNMR - Audit Serveurs d'applications - 2022 | 71 pages

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