Les radiologues s’opposent avec fermeté à la baisse tarifaire et organisent une journée de grève.
La Journée nationale de grève du 23 mars prochain devrait être très suivie. Elle répond aux deux mesures de baisse des tarifs imposées par la Cnam. En effet, selon le docteur Jean- Philippe Masson, président de la FNMR « elles pénalisent leur capacité d’investissement ». La baisse de la valeur des forfaits techniques en scanner, IRM, Pet-scan atteindrait directement leur possibilité de renouvellement de leurs équipements. Rappelons que le forfait technique compense le coût d’acquisition de ces équipements. Il correspond à l’amortissement, c’est-à-dire, à l’achat, la maintenance et l’emploi des équipes chargées de faire fonctionner ces appareils.
Cabinets menacés
Selon le responsable professionnel, une enquête réalisée en 2015 a montré que 18 % des centres de scanner et 5 % des installations IRM sont en déficit. La mesure tarifaire agirait directement sur le maintien ou la modernisation des cabinets de radiologie, en particulier des plus petits.
Z, comme zéro
Une deuxième mesure concerne la suppression du supplément Z qui est un supplément tarifaire spécifique aux radiologues. Il correspond aux contraintes d’investissement des installations pour des équipements émettant moins de rayonnement ou pour des appareils haut de gamme permettant les activités innovantes comme la radiologie interventionnelle. Cette suppression du supplément Z remet en cause la spécificité du métier de radiologue. Elle « ulcère » les médecins radiologues qui considèrent que la radiologie est en butte à une concurrence des autres spécialités, telles que la pneumologie ou la rhumatologie. Déjà, dans la récente proposition faite par les pouvoirs publics concernant la thrombectomie les radiologues voyaient une atteinte à leur expertise.
Enveloppe fermée
D’un côté, les pouvoirs publics sont à la tâche pour réduire les déficits sociaux. Ils ont entrepris depuis quelques années la mise à niveau des équipements de radiologie en augmentant le nombre d’appareils. D’un autre côté, l’augmentation du nombre d’actes dans une enveloppe fermée entraîne, de fait, une baisse de la valeur de ces actes. Les radiologues estiment être victimes de cette stratégie qu’ils considèrent comme injuste alors que « la radiologie s’est réorganisée et a augmenté la qualité de ses prestations ». Les radiologues, en effet, veulent rester au centre du plateau technique.
Thrombectomie en question
Par ailleurs, le conseil professionnel de la radiologie (G4) s’oppose à la DGOS (ministère de la Santé) qui voudrait imposer dans le cadre de la réforme du troisième cycle des études médicales une formation spécialisée transversale (FST) centrée sur la thrombectomie. Le G4 s’oppose à l’idée que la thrombectomie, procédure techniquement complexe, ne puisse plus n’être gérée que par des centres experts. Seuls ces centres reposent sur des opérateurs bien formés selon les critères européens. Le G4 refuse des formations plus courtes de un an seulement et qui mettrait en péril « la qualité de la prise en charge des patients ». Seules des formations spécialisées et des experts de ces techniques peuvent permettre une bonne prise en charge des accidents vasculaires cérébraux sur tous les territoires.
Pascal Maurel
Source : Decision-sante.com